” Bréhat n’est pas qu’une île : un archipel. C’est à dire une grande famille d’univers minuscules.
Chacun d’entre eux résume le monde. Prenez le temps d’y aborder.
Un voyage à Bréhat, c’est mille voyages, ouvrez l’œil et freinez l’allure.
La récompense est au bout de la lenteur. ”

Erik Orsenna, de l’Académie Française

L’île de Bréhat, premier site classé en France (le 13 juillet 1907)

En 1900, la Société de Protection des Paysages de France, le Touring Club de France, appuyés par plusieurs personnalités du monde des Arts et des Lettres, dont le poète Edmond Haraucourt et l’écrivain Charles Le Goffic, demandèrent à plusieurs reprises, que l’Île de Bréhat soit protégée pour la qualité de ses sites naturels.

Une commission départementale des sites fut décidée par le Préfet, qui proposa de classer l’Île de Bréhat. La loi du 21 avril 1906 sur la protection des sites et monuments naturels, de caractère artistique et pittoresque  fut promulguée. Bréhat en fût la première bénéficiaire, mais cette loi  ne s’appliquait qu’aux seules parcelles communales.

Le 13 juillet 1907, l’île devient le premier site protégé et classé en France. Le 26 mars 1980, le classement est étendu sur l’ensemble de l’archipel de Bréhat : l’île Sud, l’île Nord, les îles secondaires, ainsi que les îles non cadastrées.

Dès votre débarquement dans l’anse du Port-Clos, vous serez séduit par la présence d’une riche végétation et par la couleur rose des roches granits. Après une bonne montée, vous arrivez  sur le tertre du Crec’h Kerio ; il s’offre à vous deux choix pour commencer votre visite : la direction du Bourg, ou bien le chemin vers la plage du Guerzido. Regardez la carte, ou alors laissez parler votre instinct !

La promenade à Bréhat est un émerveillement tant elle recèle de surprises.  Une légende de l’île nous dit que le Divin, au moment de la création du monde, jeta dans la mer un petit morceau de chacun des continents ; il en fut satisfait et commença  à créer la terre… Voilà comment serait né Bréhat ou « le seuil du paradis ». A chaque pas, par chaque chemin, les paysages vous saisissent par leurs beautés et vous invitent aux voyages.

Voici  un rapide survol du patrimoine bâti, que nous vous invitons à découvrir ! 

L’île Sud

Port-Clos : 3 cales permettent l’accostage des vedettes, quelle que soit l’amplitude de la marée : 1ère cale à marée haute, 2ème cale à mi-marée (+ 400 m), 3ème cale à marée basse (+ 800 m).

Le Guerzido : C’est la plage principale de l’île. Elle s’ouvre au sud, entre deux avancées rocheuses. Baignade non surveillée.

L’église paroissiale Notre-Dame de Bonne Nouvelle et son cimetière : Succédant à un édifice du 12ème siècle, cet édifice religieux est daté de 1651 comme l’indique le pilier du collatéral sud. Elle a subi plusieurs modifications au XVIIème siècle et restaurée au XIXème siècle. On y accède par un porche sous lequel on peut  lire les noms des marins disparus. Le clocher est remarquable, avec son horloge visible au loin. Cette église est entourée du premier cimetière de Bréhat. Dans le cimetière marin, face à la grève se trouvent les tombes du peintre Lucien Seevagen, du sculpteur André Vermare. 

La Chapelle Saint-Michel : Site antique consacré autrefois à une divinité païenne. Bâtie sur le point culminant de l’île (33 mètres), cette chapelle fut construite  vers 1840 sur l’emplacement du premier sémaphore, détruit par la foudre en 1820. Les murs sont peints en blanc pour servir d’amer  à la navigation. Face au panorama magnifique est érigée une croix monumentale datant du XVIIème siècle. 

L’étang et le moulin à marée du Birlot : En 1633, un contrat de construction fut signé entre le duché de Penthièvre et Jan de Tanouarn, meunier. Une porte haute sur le vide permettait aux bateaux d’effectuer directement le transbordement du blé et de la farine. Cette architecture remarquable, fait de ce moulin à marée l’un des rares moulins existant, malgré plusieurs périodes de dégradations successives. Le moulin appartient depuis 1990 à la commune de Bréhat, il est entretenu par l’association du moulin du Birlot, depuis 1994.

La Croix de Maudez : Cette croix de chemin, dressée face à un point de vue magnifique, gravée de la date 1788, porte un cœur serti d’une couronne. Un magnifique panorama sur l’embouchure du Trieux vous est offert, en particulier au coucher du soleil.

La croix de Kerano : Cette croix de chemin à été dressée, selon la légende, par le père Maunoir, en 1642, suite à une mission religieuse.

La Citadelle : Au-dessus du Port-Clos, il y avait autrefois une batterie qui assurait la sécurité de l’île. La citadelle présente a été bâtie sous le second empire de 1860 à 1862. Des soldats sont venus en 1875, en 1899, et en 1914 ; cette construction en créneaux est très soignée. Elle a un temps servi au logement de familles sans toit. Depuis 1998, un centre d’art et d’artisanat du verre, les Verreries de Bréhat, s’intègre dans ce site.

Les maisons de Corsaires : Ces maisons sont datées pour  la plupart de la seconde moitié du 18 siècle ; elles comportent une architecture spécifique à l’île de Bréhat, avec souvent une cour fermée, un jardin surélevé  dans lequel se trouve un puits. Elles ont un peu des allures de forteresse. Par exemple, la maison Corouge-Lambert, près de la grève de l’église, porte la date de 1772 sur un linteau et possède une tour sur sa façade. 

L’île Nord

La Chaussée Vauban (ou Pont ar Prad) : Le pont qui relie l’île sud à l’île nord, dit pont Vauban ou pont de la prairie, est antérieur à la visite de Vauban en 1695. ll ressemblait alors à une chaussée de galets. Il fut consolidé en 1756, agrandi et rehaussé entre 1795 et 1800. Il possède une cale d’accès à la grève Est.

La Chapelle de Kéranroux : Non loin d’un sanctuaire,  la chapelle fut construite en 1860, par des ouvriers de l’île et des marins pêcheurs. Avec leurs embarcations,  ils transportèrent les pierres  venant de la grève de la Corderie. C’est un lieu de culte pour les marins perdus en mer, comportant de nombreux ex-voto. 

Vue générale, début du 20ème siècle (AD 22)

La Corderie : L’anse de la Corderie fut, du XVIème au XIXème siècle, le premier port de l’île de Bréhat. Les vaisseaux du Roi venaient faire relâche et les corsaires y trouvaient refuge. Les chalutiers morlaisiens pêchant sur les côtes anglaises venaient s’y abriter. Le commerce du fil de chanvre était important à Bréhat au Moyen Âge, ce qui donna son nom à cette anse, d’où partaient les navires pour le commerce.  A la fin du XIXème siècle, de nouvelles habitations seront construites en front de mer sur la côte sud. Les Ponts et Chaussées se sont installés également et feront construire le Phare des Héaux de Bréhat en 1839, en assemblant l’ensemble des pierres taillées dans la grève. C’est un havre abrité des vents d’Est, de Nord et Sud.

La chaise de Renan : Sur la côte vers le nord, cette curiosité géologique fait penser à un banc de pierre taillée dans la roche, surplombant les flots. Cela rappelle la présence de l’écrivain, qui venait voir sa tante Perrine.

Le Sémaphore : Le premier sémaphore construit sur le tertre du Rosédo, date de 1861-62.  Relié au télégraphe et muni d’un canon, le sémaphore était un lieu hautement important pour la vigilance de la navigation. Il fut surélevé en 1898 avec une tour, et agrandi en 1974. La nuit, on peut apercevoir la lumière de douze phares. La Marine Nationale y assure une veille permanente et transmet des informations météorologiques.

Le phare du Rosédo : La maison-phare du Rosédo date de 1858 et le logement pour les gardiens de 1860. Le bâtiment était construit sur un terrain entouré par une enceinte rectangulaire ; se trouvait également une petite maison pour stocker les huiles, et un lieu d’aisance. La tourelle du phare est accolée à la maison et fut reconstruite après la démolition par les soldats allemands en 1944. 

Vue générale

La Tour Blanche : Elle sert actuellement d’amer aux navigateurs.

Le Phare du Paon : Le Paon est une déformation du mot Pann, Penn en breton, qui signifie extrémité. Le premier fanal du Paon remonte à 1860. Il indique le passage dangereux du plateau de la Horaine, vers le Nord-est. Lors des travaux effectués par l’entreprise Mahé, une maison pour gardiens de phare est prévue, accolée à la tourelle carrée du phare, en 1888.

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Durant la deuxième guerre mondiale, l’occupant allemand exigea que les gardiens de phare quittent les lieux, notamment Aline Durand, première femme gardienne au Paon. Avant de partir, les Allemands ont dynamité tous les phares importants. La reconstruction date de 1948, sans maison de gardien.

L’édifice actuel construit de 1947 à 1949 domine une faille entre deux gros rochers où les vagues s’engouffrent en rugissant.

La Chapelle Saint-Riom : Construite aux XIVème et XVème siècles sur un édifice religieux datant du XIIème siècle, aujourd’hui en état de ruines, la chapelle Saint-Riom a une histoire bien singulière. Ce fut une maladrerie avec un cimetière de  lépreux. En 1832, le choléra fait des ravages suffisamment graves pour que des dispositions soient prises.  Une demoiselle généreuse fait faire des travaux pour installer un cimetière pour les victimes de l’épidémie. Il reste, en bas de la chapelle, un ancien lavoir.

L’étang du Lenn : Séparé de la mer par un long et épais cordon de galets, l’étang se remplit à grande marée, reste en eau l’hiver et s’assèche au moment de l’été. C’était peut-être un ancien teillage de lin ou de chanvre, action qui permettait de séparer la fibre textile de l’écorce. C’est un endroit  magnifique ou l’île semble se resserrer.

http://www.brehat-infos.fr/pdf/guide-brehat-2020.pdf