Le Lilas de Chine : « l’Arbre aux papillons », oui, mais…




Originaire des montagnes arides du sud-est de la Chine et du Tibet, Buddleja davidii a trouvé sur notre « vieux continent » une terre prospère où cet arbuste est apprécié des jardiniers pour sa rusticité, la persistance de ses feuilles et la beauté de ses inflorescences en grappes qui attirent irrésistiblement tous les papillons du quartier – d’où son nom.

Oui, mais… elle est classée par le Conservatoire Botanique National de Brest comme plante exotique invasive, notamment et de façon avérée dans ces milieux fortement anthropisés tels que les terrains vagues, les talus et les friches industrielles. C’est visible, et d’ailleurs de façon frappante, le long des périphériques de Paris, aux côtés de la Renouée du Japon et du Robinier Faux Acacia, et sur certaines zones en friches de l’île sud de Bréhat parmi la Fougère aigle et la Ronce.
Ça s’explique très bien, car en ces contextes chamboulés par l’homme, il y a une place « libre » à conquérir par ces espèces pionnières : le Buddleia de David a un cycle de reproduction efficace et il sait recouvrir des espaces en formations denses empêchant ainsi le développement des plantes indigènes moins performantes. De fait, certains admettront qu’ils se sont retrouvés un peu envahis par cet arbrisseau, à la manière de la Montbretia ou de l’Ail triquètre, dont les parterres, pourtant jolis, peuvent devenir incontrôlables. Tantôt, d’autres affirmeront que c’est une plante « mellifère », c’est-à-dire qu’elle est appréciée des insectes pollinisateurs pour sa valeur nutritive. Elle serait donc importante à garder pour la vie des papillons, c’est vrai…

fleur et papillons


Oui, mais… le problème est plus complexe. Il faut savoir que de nombreuses espèces de papillons pondent leurs œufs sur la plante « hôte » où ils s’alimentent – nous le voyions très bien chez l’ortie avec le Paon du jour ou chez la ronce avec le Bombyx de la ronce. C’est une relation de coévolution où le gîte et le couvert sont proposés contre une aide à la reproduction. Or, ici, ça n’est pas le cas : le pollen du buddleia est très attractif, certes, mais peu nutritif pour l’insecte. En plus de quoi, son bois et ses feuilles ne sont pas comestibles en raisons de substances, des terpénoïdes, toxiques pour les larves ! Ce à quoi se rajoute le fait que ses fleurs ne sont pas adaptées à tout insecte dont certains s’épuisent sans réussir à en extraire le pollen – et dans un contexte où 80 % de la vie entomologique connue en Occident serait en cours de disparition, quel dommage !

fleur et papillon

Alors, quoi ? Faut-il tout arracher ? Non, évidemment, non. Limiter sa progression dans les espaces naturels, qu’il ne s’installe pas au détriment de tout le monde, oui. Il n’en reste pas moins attractif pour les insectes et, pour que l’existence de ces derniers reste durable, il est important de réfléchir à une coexistence avec ces plantes « hôtes » nécessaire à la survie de la faune entomologique. L’Agapanthe et le gazon n’ayant aucunement cette valeur-là, il va être important de reconsidérer la place de ces plantes sauvages, telles que l’ortie et la ronce, mais aussi le fenouil, le maceron, la carotte sauvage ou le sureau… Ce qui permettra que le Buddleia de David reste « l’Arbre aux papillons ».

La commission environnement et agriculture

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