Il y a une plante sur Bréhat qui, si vous l’empoignez pour l’arracher ou la touchez malencontreusement et qu’un peu de sa sève entre en contact avec votre peau, vous en serez brûlé, possiblement jusqu’au troisième degré. La substance ici responsable, c’est une furacoumarine, une molécule qui réagit avec la lumière, très commune, qu’on retrouve en petite quantité chez le figuier, les agrumes ou d’autres espèces de la famille. Parce que cette molécule est très présente dans cette plante, les séquelles de la brûlure peuvent persister plusieurs mois. Les effets n’apparaissent qu’après quelques heures selon l’exposition à la lumière.

Cette plante a été apportée, comme chacune de celles dont nous avons parlés, à des fins ornementales avant que l’on ne comprenne les effets graves d’un tel acte sur notre santé et sur l’environnement. Elle nous arrive d’une région qui lui a donné son nom vernaculaire : la « berce du Caucase ».

Photo Lebec Éric

Aujourd’hui, elle est inscrite dans la liste des plantes « exotique potentiellement invasive posant de graves problèmes à la santé humaine » par le Conservatoire Botanique National de Brest depuis 2016. Pour lutter contre ce problème national, c’est la FREDON (https://www.fredon-bretagne.com/) qui s’occupe de la destruction de cette berce, principalement par arrachage des jeunes plants au printemps. Pour ce faire, il va être important de leur indiquer où sont implantées les populations de cette espèce, ce qui nécessite de la reconnaître… et de ne pas la confondre !

On vous dira souvent pour la reconnaître qu’elle peut faire jusqu’à 4 mètres avec des inflorescences en ombelles plus larges qu’une main ouverte, or, au printemps, elle ne fera pas plus du mètre et son inflorescence ne sera pas développée. Sa feuille est palmée, à la façon d’un canard, et chacune des parties est profondément découpée, jusqu’à quelques centimètres à peine de la nervure centrale et dentée en son bord. Si vous trouvez des feuilles très finement découpées, en bouquets à 20 cm du sol, vous avez plus la chance que ce soit du cerfeuil des bois – fréquent en sous-bois, ou de la ciguë des jardins – une autre grande toxique qu’on retrouve dans quelques jardins du sud de l’île. La plante doit mesurer déjà quelque 50-60 cm dès avril si les conditions météo sont bonnes. Il ne faut pas s’en arrêter là car à ce stade, la confusion est possible avec la berce commune – en sous bois également, et le maceron cultivé – en bord de chemin, tous deux d’excellents comestibles. Il faut regarder la tige qui, jeune, présente des poils épars et des tâches pourpres à sa base. Aucune autre plante à Bréhat ne présente ces caractéristiques réunies (voir photo).

Photo Lebec Éric

À ce stade, il est important de faire remonter l’information à la mairie. Les intervenants de la FREDON feront une campagne d’arrachage fin mai ou début juin 2023, merci de les autoriser à rentrer dans votre propriété si des berces du Caucase y poussent. En 2022, plus de 200 plants ont été arrachés dans 5 lieux répartis dans toute l’île !

Photo Lebec Éric

Quoi qu’il en soit, ne tentez aucune mesure vous-même sans équipement de protection individuelle complet (gants, blouse, lunettes…, voir photo). Et si malgré tout et malencontreusement, de la sève venait à entrer en contact avec votre peau, voilà la démarche à suivre : 1) faites dos au soleil et essuyez au mieux sans étaler la sève si les conditions le permettent 2) rentrez chez vous pour diminuer l’exposition au soleil, abritez vous à la lumière artificielle, 3) appelez le médecin de l’île 4) lavez au mieux toutes parties concernées en attendant l’arrivée du médecin.

Ewen Pottier, pour la commission environnement et agriculture

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