La renouée du Japon, une tenace à contenir !

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Dans cette chronique des plantes dont on connaît si bien les méfaits, il en est une notable dont nous allons parler cette fois : la Renouée du Japon.


De la famille du sarrasin, de l’oseille et de la rhubarbe, elle se reconnaît aisément par ses tiges noueuses en populations denses, issues d’un rhizome souterrain. Ses feuilles ovales, terminées en pointes, sont alternes sur leur rameau. La fleur est une grappe blanche, délicate qui sent agréablement. Nous la trouvons ponctuellement sur Bréhat, à l’abri d’une haie, en bas d’un fossé où l’humidité est préservée et où souvent… une pollution sommeille !

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Pour faire synthétique, c’est une plante originaire de milieux humides, à forte activité sismique où les coulées de lave polluent le sol en métaux, rendant impossible la pérennisation d’autres plantes. Son cycle rapide permet de nettoyer ces excès en métaux et de créer une litière suffisante pour préparer l’implantation à une végétation plus durable. Pour cette raison, des recherches sur la renouée ont été réalisées dans le cadre de la phytoremédiation et permettre par son biais une régénération de sols pollués. C’est donc une bio-indicatrice encore utilisée en géobotanique lors de prospections minières par exemple. Ainsi, la retrouver dans des friches urbaines telles que sur le périphérique parisien prend tout son sens ! En France, son développement est inquiétant dans les régions très industrialisées tel que le nord et l’est de la France, mais elle est anecdotique en Dordogne, dans le Cantal ou en Corse. En Asie, dans son contexte naturel, elle est réputée comestible et médicinale ; d’ailleurs, vous trouverez sur Internet une flopée de recettes de ses jeunes rameaux : à la vapeur, sautés, confits ou au vinaigre – pour un peu que vous soyez sûrs de la qualité de la station où vous la récoltez.

De nombreuses luttes manuelles ou mécaniques ont été essayées, mais sans franc succès. Ce qui apparaît le plus concluant à ce jour semble être le reboisement, où elle s’efface totalement au profil de la forêt, retrouvant dès lors son rôle de pionnière. Si le milieu a pour vocation de rester ouvert, l’éco-pâturage, notamment avec des races rustiques tels que la chèvre des fossés ou le mouton d’Ouessant est la seule solution viable. En effet, la pâture répétée sans laisser l’occasion à la plante de photosynthétiser épuise le rhizome ; les populations jeunes décroissent tandis que celles installées sont contenues.

Ewen Pottier, pour la Commission Environnement et Agriculture

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